Vanuatu 2010: 8) Epi… c’est la fin !

On poursuit notre route vers le Sud, de village en village… prochaine étape le village de Burumba.

Avant d’arriver sur Burumba, sur un col il y a un point de vue, la carte indique un phare… on y va. Pour la première fois sur Epi on traverse une belle forêt, où une grosse tranchée à été faite au bulldozer ! On arrive en haut, mais il n’y a pas de phare… juste une grande tour en ferraille en construction. On fait une pause avec des gens qui surveillent le chantier (???). On apprend que cette tour en construction c’est pour la télé et le réseau téléphone, payé par les chinois !!! Aaaah… Mais y' en a déjà une autre d’antenne de réseau téléphone? “oui mais celle là, c’est pour un autre opérateur !” Tu me dis là qu’ils ont saccagé la forêt pour construire une deuxième antenne de téléphonie et de télé ? voilà le superbe gaspillage de la concurrence… deux opérateurs téléphoniques qui se partagent la population d’Epi… des gens qui n’ont pas l’électricité dans la plupart des cas…

Vu qu’on ne leur installe pas l’électricité, les gens les plus riches achètent des groupes électrogènes, made in chinois, j’imagine, comme tout ici, qui doivent tourner avec de l’essence made in chinois aussi, donc c’est bon, les chinois n’avaient plus qu’a leur payer une antenne télé… rien de mieux pour ces petits villages, une population qui passe ses journées devant des séries brésiliennes débiles au possible et rêve de twisties et de café soluble…. Aaaah c’est beau le développement à l’occidental. Pas d’électricité, pas de soin, une éducation qui laisse à désiré… mais ils auront la télé au moins, comme ça ils pourront désirer ce qu’ils n’auront jamais !

D’ailleurs arrivés sur Burumba le déracinement se fait vite sentir… l’accueil n’est pas le même, car on nous propose vite d’aller dormir dans la guest-house du coin… en tôle… moyennant 3000vatus ! gloups…

Le lendemain on démarre… pas loin en fait… on s’arrêtera dans une plantation quelques kilomètres à la sortie du village, chez des gens avec qui on avait bien discuté la veille dans le village de Burumba.

A peine arriver chez Jeffrey Sarginson, il nous emmène au bord de mer, on fera un coup de palme-masque-tuba…

 

Lui, possède 60 hectares de cocotiers, pour faire du coprah

Une grotte se trouve chez lui…

 

Où des petites chauves souris squattent !

La petite fille de Jeffrey au milieu d’un gros pied de kava… de la rare variété des kava “two-days”… comprendra qui voudra !

On est présenté à la famille, ici à droite, le père, fils du colon australien qui a fondé la plantation et de mère Vanuataise… le vieux semble être dans ses pensées, fatigué… ils nous a assez peu parlé, mais à chaque fois dans un bon français. Mais ce qui m’a marqué c’est, qu’à peine dit bonjour, il nous a dit “ici y'a plus rien depuis l’indépendance”, comme si c’était le plus important pour lui et que c’était le seul évènement depuis ces trente dernières années… pauv’ vieux il a du trimer toute sa vie pour pas grand chose à la fin !

Comme si l’indépendance d’un pays colonisé était l’origine des problèmes de la population issue de ces colons qui sont eux restés au pays… si les colons sont partis c’est qu’ils n’avaient plus trop d’intérêt à rester au Vanuatu… quand une population issu d’une colonisation a toujours des intérêts dans ce pays, elle y reste malgré les velléités de la population où autre problème…dixit la calédonie… mais au Vanuatu c’est différent… l’histoire n’est pas la même. Après les chutes à répétition des cours du coprah, d’abord au début du siècle dernier, puis dans les années 70, l’intérêt des colons à rester au Vanuatu s’est amenuisé… je parie que si on avait trouvé du nickel dans les sols, ça se serait passé autrement.

Au jardin on produit beaucoup de maïs et de manioc…

Un aspect important, de ces gens issus de colons mais qui au final sont totalement intégrés à la population, le métissage aidant, c’est qu’ils parlent tous une langue commune, le Bislama. Forcément ça crée des liens… liens qui n’existent pas en Calédonie, puis qu’il n’y a pas ce genre de créole… c’est soit tu parles une des langues kanaks, soit tu parles le français, la langue du colon… et je me disais en ces temps de destins communs qu’on affiche largement, de pays en construction (ou en destruction…), une langue commune à toute les ethnies présentes en Calédonie, c’est ce qui manque le plus… c’est en me disant ça que j’ai compris l’importance du Bislama au Vanuatu.

Je prépare le kava… ici y'a plus de nakamal, chacun prépare chez soi… au pilon ! 

Et voilà on attaque notre dernier jour sur Epi… on part vers le sud, direction Valesdir.

La route ne fut pas des plus géniales, 3 heures de cocotiers cocotiers cocotiers… pour arriver à Valesdir… alors, ce n’est pas un village, mais plutôt une ancienne plantation, ou une ancienne propriétés coloniale…immense ! Seules, huit familles restent là encore à travailler le coprah.

Les anciens gros fours à coprah…

“Ooohh loulou t’as vu des chevaux…” - “Aahhh ouai génial…”

Pour être au plus près de l’aérodrome, on dormira, seul truc dans le coin, à la guest-house du poken de la région… qui s’est construit sa demeure en bois locale avec une super vue sur la mer, super équipé, en autonomie énergétique… bobo sur les bords, mais australien quand même, ils sont devant la télé quand on arrive, m’expliquant “qu’il n’arrive pas à choisir parmi ses 90 chaînes, mais qu’h eureusement il a un super système qui peut enregistrer la télé et regarder plus tard etc….” - “Oula hey ooohhh !!! j’en ai rien a foutre de tes problèmes de télé…” bon on va aller faire la sieste plutôt….

Dédicace….

Sympa le spot quand même… ils ont un gros chien bleu qui nous suivra partout, On a été au village d’à coté, il nous a suivi et fait peur aux gens, “dog kakaï man”, me dit quelqu’un : “chien mangeur d’homme!!!” bref tout le monde connait ce chien et tout le monde en a peur !!? Bref… assez bizarre ces australiens, mais je me disais, tiens je vais enfin rencontrer des australiens qui vivent sur place et doivent être bien mieux intégré et avoir une bien meilleure image que tous les autres, surtout qu’ils vivent là depuis plus de 10ans… mais apparemment non… ils passent leur temps devant la télé, cloitrés dans leur maison, et les gens ne les aiment pas beaucoup plus que les autres. Ils ne partagent presque rien avec la population locale, n’achètent rien, ni légumes, ni petites choses au magasin… mouais bon !

Epi voilà… Epi c’est fini…

Direction Port-Vila pour deux jours avant de repartir….