lundi 17 mai 2010

Vanuatu 2010: 4) Santo… Côté pile…

Après avoir quitté Tanna, on enchaîne direct par l’île de Santo. Deuxième île du pays en population mais première en taille, cette île possède toutes les images du Vanuatu… les pires et les meilleures !

P1150543 P1150554 

Notre séjour commence par deux jours de pluie… intense !

P1150548 

Accalmie…

P1150560 

Tout un symbole ce drapeau… vous remarquerez qu’il y a une dent de cochon, symbole du pays et de la coutume au Vanuatu… mais ya aussi deux épis de blé (???). Alors là je me demande bien pourquoi? Car ya pas de blé au Vanuatu… Est ce que c’est la marque des anciens colons venus d’Europe… étrange pour un pays qui a acquis son indépendances… “indépendance” tout est relatif ! On s’est rendra bien compte sur Santo… bien différente de Tanna !

P1150562

Nous voulions aller au Nord-est de Santo et faire toute la cote est, jusqu’à Port-Olry. Nous avons pris un guide qui nous y amène avec son mini-bus. Il nous arrête à chaque endroit touristique… il connaît évidemment bien le pays, il sera un grande source d’infos pour nous. Ici on s’arrête devant un trou bleu… mais on ne peut pas s’y baigner. Il est sur une propriété et les propriétaires, des japonais, ont mis du barbelé tout autour… tout un symbole !

En effet, on découvre petit à petit la cote est de Santo… le paysage ne se résume qu’à de grandes propriétés où l’on exploite le coprah, sur des centaines d’hectares ! Ici, point de petit village… que des grandes fermes, qui appartiennent toutes à des étrangers (colons?): des chinois, des japonais (beaucoup), des australiens, des américains, des néozélandais… tout ça sur presque les 60km que l’on va faire ! Evidemment ce ne sont pas les propriétaires qui exploitent le coprah, d’ailleurs ils ne vivent même pas sur leurs propriétés, ni même à Luganville, capitale de Santo, voir même pas à Port-Vila… certains sont dans leurs pays d’origine ! Ils emploient des familles de Vanuatais qui font le boulot. Faut savoir que les conditions de vie de ces familles sont particulièrement mauvaises. Quand on longe les propriétés, on voit les maisons dans lesquels vivent les gens…enfin maison… hangars rouillés à moitié effondrés qui n’a pas été rénovés depuis 30ans, plutôt…  la situation de ces gens nous choque ! On croise sur la route des groupes de vingt, en train d’entretenir les bas-cotés de la route, en gros couper l’herbe, et ce sur des kilomètres… le travail se fait à la main… yen a pas un de leur patron pour payer une malheureuse tondeuse… ca y est ça en devient révoltant. Ici la structure familiale traditionnelle et coutumière a volé en éclat et ce depuis de nombreuses années…”Les conséquences de l’expansion de la cocoteraie furent la transformation des systèmes agraires, l’évolution de la flore des plantes cultivées, la perturbation des modes traditionnels d’usage de la terre, la monétarisation et la dépendance alimentaire accrue du milieu rural envers les produits importés.” Ces gens sont déracinés dans leur propre pays… ça doit aussi faire partie des bienfaits de colonisation !

L’image du Vanuatu pauvre nous saute à la gueule, l’image que tant de personnes aiment rappeler en Calédonie, en agitant le spectre de l’indépendance… mais dans ce coin du pays il n’y a pas d‘indépendance, c’est une chimère ! Tout, absolument tout est possédé et financé par des étrangers… Les chinois ont payés ceci, les australiens cela… Mais les gens sont pas dupent, même s’il paye des choses pour le pays, personne ne les aime ! Car ils savent biens que s’ils financent des choses c’est pas par pour faire de l’humanitaire… il y a des contre-parties, les australiens réclament de maintenir le statut de paradis fiscal, les chinois, veulent couper la foret et planter du palmier à huile… imaginez la corruption qu’il peut y avoir dans ce genre de contexte…

P1150563

Bon on continue la route… on décide de faire une pause sur “Oyster island”, le trajet en bateau étant gratuit (?)… C’est une île possédée par un australien qui accueille d’autres australiens dans des bungalows à 12 000vatus (100 euros) la nuit… c’est joli !

P1150569 P1150583

P1150571 

C’est typique… touristique !

P1150573

On est resté une heure, bu un café… bon on se casse !

P1150586

Aaaah on continue dans le pire de Santo… la liane des Américains, comme on l’appelle ici… Quand ce n’est pas de la cocoteraie pour le copra, le paysage c’est normalement de la forêt….sauf que les américains ont introduit une liane pendant la seconde guerre mondiale… et voilà le résultat 50ans plus tard !!! Moi ca m’a donné envie de pleurer. Sur des kilomètres et des kilomètres carrés la liane recouvre tout, absolument tout… même les très grands arbres… ils meurent et s’écroulent. Elle possède une vitesse de croissance incroyable et avec ses grosses feuilles de 40 cm de diamètre, elle est ultra-compétitive ! Faut savoir qu’il fait nuit en plein jour dans une forêt recouverte comme celle là.

Bon en espèce envahissante il n’y a pas qu’elle ! D’ailleurs elles se font la compétition entre espèces envahissantes. Sur la photo, au premier plan, il doit y en avoir une dizaine d’espèces envahissantes: le ricin, les herbacées, la liane des américains, la liane des néo-zélandais (oui parce que tout le monde est venu avec sa petite liane adorée)… c’est pas ça qui manque !

P1150595

On arrive à “Lonnoc Beach”… encore choqué de ce qu’on a découvert de la cote est de Santo… même au fond c’est encore la liane qui recouvre tout et donne un aspect dégoulinant à la forêt… Bon là avec Maud on est un peu vert ! P1150601

Bon c’est pas qu’on a les même à la maison, mais c’est pas l’eau turquoise qui nous transcende. Ce qu’on est venu chercher au Vanuatu, et que l’on a grandement trouvé à Tanna, on se dit que c’est pas ici qu’on va le retrouver ! 

P1150608 P1150614

On s’arrête à un trou bleu, celui-ci est gratuit… les autres sont payants, cher, 2500vatus ( 20euros) pour aller se baigner… ils sont dingues les gens !!! Le système à l’australienne… je m’expliquerais plus tard. On s’est donc baigner ici… bon !

Un détail important qu’il faut noter et qui ne parait pas sur les photos est l’ambiance sonore (évidemment)… Toute la route du sud au nord-est est en train d’être refaite, c’est payé par les américains…cool ! Et ce trou bleu est en dessous du front de migration des engins de chantier… donc l’ambiance sonore à ce trou bleu est mécanique on va dire… vous voyez les grosses pelleteuses qui ont un marteau-piqueur géant au bout du bras… vous voyez le bruit que ca fait quand ca pète les caillasses ce truc… bah voilà, vous y êtes.

Un élément de réflexion à propos d’une question que je me suis posée sur tout la route en voyant les travaux… mais pourquoi ils refont la route? Pourquoi ils se font chier à refaire plus de 60 km de route… alors que les gens n’ont pas de voiture ! C’est vrai ça… J’ai posé cette question à plusieurs personnes, dont notre guide et des français qui travaillent à Luganville… et à chaque fois leurs réponses ont été plus que vagues, pas convaincantes en tout cas ! Un autre détail est que cette route est payée par les Américains pour s’excuser du mal créé par l’introduction de la liane, c’est ce que notre guide nous a dit !!! Alors là… qu’est ce qu’ils sont gentils ces Américains ! Bon c’est une filiale d’une multinationale néo-zélandaise basé à Fidji qui construit la route et elle est venue avec ses employés… pas de Vanuatais sur le chantier, si, ce sont eux qui font la circulation quand une voiture approche du chantier… Mais alors pourquoi cette route?

Bah en fait c’est pour les touristes… uniquement pour eux, car il n’y a presqu’eux qui se baladent en voiture, et c’est vrai, on a croisé que très peu de voitures sur ces 60km… Cela s’appelle du colonialisme. Vous allez peut-être trouver ca dur comme jugement, mais je m’explique. En effet, quand des grands projets d’un pays sont faits par et pour une population étrangère puissante, je crois qu’on peut appeler ça du colonialisme. Ce projet énorme n’est pas à destination de la population locale. Comme souvent, on pourrait se cacher derrière les emplois créés, patati patata… mais là même pas !

P1150615

Bon voilà on arrive à Port-Olry… bon allez on continue dans le pire… vous en avez marre? nous aussi ! merde… qué passa ?

Et oui Port-Olry on devait y passer quelques jours, découvrir le coin… ba on a fait demi-tour direct ! C’est un village, mais quand on a appris qu’il y avait trois mille personnes qui y vivaient, on a trouvé ça louche… un village de trois mille personnes ??? Mais en fait ça ressemble plus à une ancienne station coloniale abandonnée… Ya même des pins colonnaires… une marque !

P1150622

Voilà le magnifique village de Port-Olry… de belles baraques en tôles rouillées et en béton, accompagner de leurs carcasses de tracteurs… la sorte de Guest-house qui accueille les touristes est pourave et chère… Ca a fait ni une, ni deux, dans nos têtes…

On se casse d’ici !

Pas question de rester, ca donne envie de pleurer ! Les ilots en face sont recouvert par la liane, les gens ont l’air moins sympathique. On a donc plus de cinq jours de notre programme qui tombent à l’eau, puisqu’on devait rester dans la région…mais là ya pas moyen, pas moyen…et quand on dit ya pas moyen, ya pas moyen !

Ah oui ya un autre truc sympa que je vous ais pas raconter…dans notre guide de 2006, il ya deux “conservation area” dans le coin une plus au sud et l’autre à un peu plus à l’ouest… on voulait y aller faire de la rando… et bien en 2010 elles n’existent plus. On pouvait y voir les oiseaux des forets du vanuatu, des chauves souris, des grottes, le tout dans les dernières forets humides de basse altitude de Santo. Et bien c’est fini, si vous êtes venus pour, circulez ya rien à voir, allez hop !!! Les forets ont été coupées, les oiseaux sont partis, les lianes envahissantes ont fini le travail ! Dans l’une des deux “conservation area”, dans la région de Matantas, la forêt a été coupée pour planter du maïs (si si !!!), afin de produire du bio-éthanol permettant de produire de l’électricité à ces petits villageois perdus… tout ça était financé et organisé par une bande de petits colons… des australiens? non; des chinois? non; euhhh des néo-zélandais? non plus… bah alors? qui c’est qui reste… des calédoniens? et bah oui… facile, ils restaient qu’eux dans la région ! Sauf que les gens se sont aperçus de la connerie du projet, surtout qu’ils produisent déjà d’électricité mais avec de l’huile de coco, une ressource déjà présente en quantité. La population a tout bloqué, sauf que le mal était fait, les lianes envahissantes ont pu entrer dans les forets et finir le boulot….

Et allez sur ce… les cotés pires de Santo sont finis, heureusement que ça n’a duré qu’un jour !

Place aux bons cotés… coté face !

1 Comments:

Anonymous Anonyme a dit...

Sur le drapeau il s'agit en fait de deux palmes de Cycas seemanii indigène du Vanuatu (le même Cycas qu'en NC), appelé localement "namele".
Kiki

22 mai 2010 à 15:08  

Enregistrer un commentaire

<< Home